Bomberman

Tous les jours ou presque, entre 12h30 et 14h00, règne une ambiance délétère. Le téléphone sonne. Mise en conférence. Un bureau, deux bureaux... nombre limité à 5. Deux joueurs par poste. Ils se mettent au diapason. Craquage des doigts, mise en condition, paramétrage des touches, intimidation... tout y passe. Le bureau devient une zone de non-droit, tout est permis, tout est envisageable. L'odeur du massacre est perceptible ! Les touches des claviers sont prêtes à recevoir leur volée.

Le thème de la confrontation est choisi. Le 1er qui gagnera le nombre de partie définie jubilera. Celui qui ne gagnera aucune partie payera sa mousse au chocolat. Il sera fustigé de "Paye ta mousse, paye ta mousse". Personne ne retiendra le vainqueur mais tout le monde se rappellera du nombre de mousses à cuisiner et de ceux qui auront la pénitence de les réaliser. Mais ce n'est pas encore l'heure d'y songer.

Les bomberman sont en place. Repérage de la position du bonhomme sur l'écran. Visionnage des ennemis aux alentours. Poser une bombe, ne pas se trouver sur la trajectoire de sa flamme. Manger les petites bombes, flammes, patins à roulettes, gants rouges, mains bleues, flamme violette, triple bombes et surtout la Boumboum !!! Eviter les maladies et surtout les supersmaladies. Objectifs : être le seul à survivre dans ce labyrinthe infernal et killer les autres bombermans.

On retient sa respiration, les touches de clavier souffrent, des gémissements se font entendre dans le haut parleur du téléphone. Respirer, réfléchir... Merde ! Raté, je me suis tuée avec ma flamme.... -1 au compteur des kills ! Autre partie, tant que personne n'arrive au nombre défini, tout n'est pas perdu. Poser des bombes, manger, zigzaguer. Oui c'est bon, lui je l'ai tué !!! Cris jubilatoires, sourire carnassier !! Oui enfin j'ai gagné ma partie. Je ne ferais pas de mousse au chocolat. Soulagement, décrispation !!! Faire en sorte que les autres restent à 0.

Enfin le nombre de victoires requis est atteint. Ce n'est pas moi qui ais gagné mais pas grave, j'ai échappé à "Paye ta mousse...". Le silence se fait dans les bureaux. On entend plus que la machine à café distribuant énergie et caféine aux joueurs effrenés. Il est 14h00, l'heure de travailler.